vendredi 12 juin 2009

RENAISSANCES



Quand on délaisse temporairement un blog, c'est généralement pour de bonnes raisons : militer pour l'association de défense des sans-papiers Droits Devant !!, se réjouir de ses récents succès et appeler par ailleurs tous nos amis spongieux à la soutenir humainement et financièrement (voir la fin de cette page) ;

Suivre les aventures adorables, drôles et admirablement bien racontées de deux dents de lait sur un très beau blog photo ;

Ecouter le rock sinueux des Joggers ou le monstrueux dernier album de Dream Theater : 75 minutes et six morceaux aussi variés que consistants, dont cinq excellents (la preuve avec The Shattered Fortress, medley de folie qui synthétise quatre de leurs précédentes chansons) ;

Répondre aux lecteurs de Jeux Vidéo Magazine sur divers sujets : Violence et jeu vidéo : l'auto-critique ; Comment devenir créateur de jeu ? ; Le grand public va-t-il tuer le jeu vidéo ? ; Comment devenir journaliste ? ; Jeu vidéo et dépression ; La fin du jeu en solo ? ; Le jeu vidéo peut-il faire le bien ?... ;

Recommencer Final Fantasy VII (disponible depuis peu sur la boutique en ligne de la PlayStation 3) le week-end des élections et de la diffusion de Home, s'amuser que le jeu mette en scène des éco-terroristes et se souvenir de sa fin magnifique, sans doute prophétique... ;

Voir Welcome, fiction sur la condition des réfugiés et sur ceux qui les aident. Se dire qu'il s'agit avant tout d'un très bon film, sec, tendu, à la dramaturgie et à la mise en scène puissantes (superbement cadrées, les séquences de traversée de la Manche possèdent un vrai souffle). En conclure que c'est une sorte de version contemporaine d'un chef-d'oeuvre du cinéma d'anticipation : Les Fils de l'homme (même thème central, héros assez proches) ;


Découvrir enfin Terminator Renaissance. Louer sa mise en scène ambitieuse et élégante (dont les plans-séquences immersifs évoquent justement Les fils de l'homme), ses scènes d'action spectaculaires et lisibles, sa splendide photo cendreuse et désaturée, ses influences pertinentes (Mad Max II, La Route...). Frissonner devant le personnage de Marcus, très beau et bien écrit (background, relations avec les autres protagonistes, rôle dans l'intrigue, évolution, dialogues). Regretter les 30 minutes de scènes coupées. Et se dire que, malgré quelques rôles secondaires inutiles, des incohérences gênantes, une fin décevante et une bande-originale médiocre, McG signe un excellent film, gorgé de détails et d'idées (vivement un director's cut en DVD, pour l'instant hypothétique) ;

Regarder l'excellente "version interminable" (six heures !) de Dieu seul me voit. S'émerveiller de l'inventivité de la mise en scène ou du burlesque des situations. Rire de l'indécision et de l'incapacité à s'engager (sentimentalement, politiquement) d'Albert Jeanjean. Et retenir cette réplique, prononcée par Jeanne Balibar qui vient de lancer un verre d'eau à la figure d'Albert sans aucune raison : "Un acte libre est quelque chose d'absolument neuf, hors de notre histoire" ;

Se délecter de Tout ce que le ciel permet de Douglas Sirk, mélodrame d'une absolue perfection sur l'amour, le conformisme, la liberté et la pression sociale, et se demander quels cinéastes, aujourd'hui, savent aussi bien utiliser la lumière et la musique pour exprimer les émotions des personnages ;

Approuver Noël Burch lorsque, dans un livre remarquable et très documenté
, il assassine l'élitisme, le formalisme et la misogynie dont font preuve de nombreux films, critiques et cinéphiles. Admirer la rigueur et la finesse avec lesquelles il analyse des oeuvres qu'il estime, de La Garce à Blue Steel en passant par Mary à tout prix ou Showgirls -pour en savoir plus, lire ce billet en deux parties (1, 2) et cet article ;

Attendre l'été, les vacances, Montréal, New York et l'Islande. Et promettre à son Eponge domestique qu'on ne l'abandonnera pas trop longtemps.

IDEES : VIVRE L'UTOPIE

Visible entièrement sur Google Vidéo, le très beau documentaire Vivre l'utopie relate l'histoire de l'anarchisme espagnol et notamment celle de la révolution libertaire de 1936-1938, suivie par des millions de personnes (les passionnants détails de cette expérience autogestionnaire sont exposés à partir de 45 mns 15). Une trentaine d’anciens militants anarchistes y racontent la mise en pratique de leurs idéaux en Catalogne et en Aragon. Entre cette période, la Commune, les LIP en 1973 ou les réappropriations d'entreprises en Argentine depuis 2001, l'"utopie" n'en a pas toujours été une... Souvenons-nous en. Extraits des témoignages contenus dans le film :
"Je ne fais pas partie de ceux qui disent qu'il n'y a pas eu de querelles ou d'autres choses, mais l'ensemble de ce que fut le communisme libertaire, c'est l'unique solution qu'a l'humanité pour pouvoir bien vivre, il n'y a pas d'autre forme. On a démontré qu'il n'y avait pas besoin de guardia civile, de riches, de prêtres pour bien vivre. Ils sont les seuls qui paralysent la progression de la richesse (sourire). Car la seule richesse qui existe, c'est le travail".

"Quand les propriétaires de l'usine sont rentrés [à l'arrivée du franquisme], ils l'ont trouvée en bien meilleur état qu'ils ne l'avaient laissé, et la production avait doublé"