jeudi 22 mars 2007
CINE : LES TEMOINS
"Le plus effroyable de tous les maux, la mort, n’est rien pour nous, puisque tant que nous vivons, la mort n’existe pas. Et lorsque la mort est là, alors, nous ne sommes plus". Ce raisonnement célèbre et implacable d'Epicure n'y change rien : j'ai peur de la mort. Et certains jours plus que d'autres. Aujourd'hui par exemple. Alors je suis allé voir Les Témoins comme on prend un médicament. Et je dis merci au Docteur Téchiné : son film, superbe, démontre la force du cinéma (et de l'art en général) lorsqu'il parvient à véritablement incarner son propos, à le faire ressentir au spectateur avec des moyens formels qui lui sont propres - en l'occurence, ceux de la narration par l'image, le mouvement et le son.
Les Témoins suit un groupe de personnages qui rencontrent un jeune éphèbe fonceur et homosexuel dans la France des années 80. Il fera partie des premières victimes du sida. Sa mort produira un électrochoc dans son entourage. Etonnamment lumineux, le film emporte le spectateur, alors que son sujet pesant aurait pu produire exactement l'effet inverse. Pour mettre en scène cette histoire qui aurait aussi bien pu s'appeler La vie est un miracle - comme le film de Kusturica -, Téchiné adopte un style d'une éblouissante pertinence : une caméra très nerveuse et fluide, une écriture dense, un montage extrêmement sec où les scènes, souvent très brèves, s'enchaînent sans jamais s'attarder sur les peines des personnages, des acteurs géniaux qui semblent courir dans le champ, une musique qui évoque davantage un thriller qu'un drame... Cette rapidité, cette énergie impressionnantes annihilent tout pathos. Pour moi, sans aucun doute le plus beau film de ce début d'année.
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