dimanche 6 mai 2007

CINE : SPIDER-MAN 3


Si Spider-Man 3 est à mon sens le meilleur de la série, c'est parce qu'il renoue avec les enjeux de l'original, les enrichit et les déploie dans une mise en scène placée sous le signe du mouvement. Le scénario se fonde certes sur une énorme quantité de coïncidences mais c'est nécessaire pour un film d'une telle densité narrative. L'histoire, très riche en conflits (cinq personnages importants dont les relations varient sans cesse), donne lieu à de grands moments de cinéma. Spider-Man 3 se mue en comédie musicale jubilatoire lorsque Parker, en bad guy déchaîné, possédé par le costume, traverse bars et rues en dansant, accostant chaque fille sur son passage. Le premier combat entre Peter et Harry émeut par ses enjeux autant que par sa "vérité" physique – ici, les chutes et les coups font mal, ils ont le poids du réel. Mais le film atteint des sommets avec la mort puis la renaissance de Flint Marko / L'homme-sable, sûrement l'une des plus belles séquences à effets spéciaux jamais vues dans un blockbuster. Chaque geste de l'être minéral qui prend vie sous nos yeux possède une signification dramatique. En un seul plan, long et bouleversant, Sam Raimi montre les grains de sable qui frémissent et se réunissent, la faiblesse de l'entité qui émerge, sa souffrance, sa difficulté à s'agréger pour reprendre une forme humaine, sa maîtrise progressive de son nouveau corps, puis sa détermination à sauver sa fille... Un tour de force artistique et technique, sublime à en pleurer. Malgré la morale très lourde assénée à répétition et une conclusion insupportablement larmoyante, difficile de ne pas s'incliner devant un tel sens de la chorégraphie, une telle compréhension des ressources du cinéma en tant qu'art de l'image en mouvement.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est drôle que tu parles de cette séquence avec l'homme sable parce que c'est exactement celle sur laquelle s'attarde "Les Cahiers" de ce mois... Quant à moi je n'ai pas encore pu y aller mais ce sera fait avant la fin de la semaine, je me le suis juré!

Sax Power a dit…

J'ai bien aimé, mais pas à ce point-là... Tu ferais mieux de commenter 300, LE film de 2007, ridiculement traîné dans la boue par des articles grotesques de Libé et quelques autres... triste presse française. Ce film est le retour du cinéma épique surpuissant reprenant le meilleur de Gladiator et Le Retour du Roi pour en faire non plus quelques scènes disparates mais sa majeure partie... une date dans l'histoire du cinéma jouissif.

En fait, c'est assez fun de lire ton article ultra enthousiaste sur Spidey 3, car je rentrais d'Ecosse en avions mercredi et je lisais The Times qui le détruisait violemment. Des comments du genre : des scènes d'action tellement surdécoupées qu'on comprend plus rien, des intrigues entre persos gnan gnan et caricaturales... typiquement le syndrome du block buster "who think has a brain".

Mais bon, avant de lire ce massacre en règle et en anglais, j'avais vu Sam Raimi sur I>TV à qui on demandait si MJ démolie par les critiques n'était pas un écho de ce qui lui arrivait à lui en tant que cinéaste et il ne démentait pas cette possibilité inconsciente ;)

Moi j'ai bien aimé donc, le trouvant juste un peu long parfois mais étant agréablement surpris de voir quelques variations sur l'histoire de Venom que je connais par coeur et que je craignais de retrouver telle que dans les comics et la série animée 90's, donc avec une impression de déjà vu (ce qui m'avait beaucoup gêné dans le premier film, trop servile vis à vis de la BD). En fait, en déguster 1 H par jour en DVD pendant 3 jours sur mon méga écran 200 cm, ce sera parfait.

Anonyme a dit…

J'y suis enfin allé, et j'ai beaucoup aimé aussi. Je comprends parfaitement ce qui peut agacer dans ce film (longueur, clichés hollywoodiens...) mais si on entre dans l'univers, c'est du bonheur. D'ailleurs, entre les effets spéciaux, les scènes d'action et les comédiens tous très bons, je ne vois pas comment on peut ne pas entrer dedans :)

Anonyme a dit…

j'avais été très déçu la première fois, mais en le revoyant, je suis vraiment enthousiaste. C'est un film véritablement très dense, et surtout, d'une cohérence absolue dans la démarche. On peut reprocher beaucoup de choses au film et pourtant, tout peut être contrebalancé : le passage de Parker en bad guy peut sembler ridicule à première vue et pourtant toujours cohérent, le début peut sembler décevant, mais est néanmoins comme tu l'as fait remarquer, necessaire à un film d'une telle densité. La présentation du film peut sembler naive, et pourtant rappelle l'ambiance des touts premiers comics. D'ailleurs le film a un esprit comics seventies franchement appréciable au final. Même si je n'apprécie pas tout, je comprend vraiment la démarche et les choix de Sam Raimi, et ça me semble important. La photo m'a paru magnifique (la première scène avec son costume noire) et certaines scènes sont véritablement prenantes (je trouve pas le mot). La première confrontation Harry/Parker prend non seulement aux tripes, avec des plans de dingues que j'ai cru voir également dans Les Deux Tours, mais également monstrueusement jouissive, l'impression grisante de voir un comics se dérouler devant nos yeux avec l'implication des meilleurs JV. Et le tout avec une maîtrise de l'espace toujours étonnante. Mais surtout, je trouve la dernière partie réellement grandiose : La scène de l'église est un grand moment, Venom est bestial, le combat court mais brillant, et surtout la séquence de l'immeuble est tout simplement un pur fantasme de gosse ! Ca peut sembler commercial, c'est juste jouissif, et diablement bien maitrisé (ça m'a même fait penser à un vieux comics des Tortues Ninja bien furieux). Le côté buddy-movie, si on peut appelé ça comme ça, est diablement bien amené et m'a vraiment fait ressentir ce dont j'aurai rêvé de voir étant gamin. C'est urbain, sombre, tout en étant accessible au plus grand nombre (ya bien quelques plans toujours un peu tout much, notamment sur la foule, mais qu'importe). Mais le point le plus étonnant vient d'ailleurs. Raimi réussit à clore les enjeux dramatiques de ses trois films de façon émouvante mais surtout d'une telle cohérence qu'elle parait tombée sous le coup de l'évidence. De plus, si beaucoup de gens semblent cracher sur le côté sentimental ("trop d'histoire d'amour, c'est bon pour les ados, bouh bouh bouh"), les rapports entre les personnages sont définitivement très bien esquissés, quoiqu'on en dise. Beaucoup plus fins que ce qu'on veut bien y voir, et à mon avis nettement plus adulte.
En somme, je pense qu'il est moins immédiatement appréciable que les deux premiers, on peut même le trouver raté au premier abord. Il me semble qu'il laisse beaucoup plus à réfléchir quant à l'orientation choisie et les choix réellement couillus qui ont été faits. J'avais pour ma part repéré des scènes sublimes comme la transformation de l'homme sable, mais je ne comprenais pas le point de vue, la démarche de Raimi. C'est chose faite et pareille cohérence me fout encore sur les fesses! J'ai en plus repéré deux références à Braindead (ça doit être dans ma tête m'enfin) : l'aspect du symbiote qui renvoit aux tripes vivantes du film de Jackson, et, mais là c'est personnel au sandman devant le building qui me rappelle instantanément l'aspect monstrueux de la mère de Lionel à la fin du film.