mercredi 17 janvier 2007

CINE : LES CLIMATS



Les Climats raconte une rupture et une tentative de réconciliation entre deux personnages, au centre de lieux, de saisons, de paysages qui traduisent subtilement leurs états d'âme. Le réalisateur Nuri Bilge Ceylan, qui fait quasiment tout sur ses films, possède une science du cadre absolument extraordinaire, qu'il sait mettre au service de ses scénarii. Comme dans le Miami Vice de Michael Mann, l'utilisation d'une caméra numérique très haute définition procure une sensation d'hyperréalisme si particulière et pénétrante qu'elle côtoie parfois le fantastique. Le problème, c'est que l'extrême lenteur du film dilue considérablement la tension sourde et bouleversante qui perçait si bien dans la sublime bande-annonce, petit chef-d'oeuvre sans dialogues de deux minutes qui pourrait se suffire à lui-même.

Les séquences étirées, les personnages opaques, les non-dits, les scénarii minimalistes peuvent pourtant bouleverser lorqu'un metteur en scène virtuose est aux commandes. Mais dans un registre formel proche, expérimental, contemplatif, moderne en somme, le Gerry de Gus Van Sant (dont l'histoire se résume à "deux gars dans un désert"), ou le Profession Reporter d'Antonioni (où Nicholson usurpe l'identité d'un autre pour fuir sa vie) s'avèrent plus hypnotiques et resserrés. C'est la première fois depuis des lustres que je me suis fermement décidé à voir un film sur la seule foi de sa bande-annonce (même si les critiques sont dithyrambiques), et je suis déçu. Peut-être le DVD, en m'autorisant à regarder le film par morceaux, me permettra-t-il de mieux m'imprégner de ses très longs plans et de sa mélancolie obsédante...

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