dimanche 17 février 2008

CINE : NO COUNTRY FOR OLD MEN

Avec l'absurde The Big Lebowski et le très noir The Barber, No Country for Old Men est l'un des tous meilleurs films des frères Coen. Une poursuite sanglante portée par une mise en scène d'une précision et d'une élégance souveraines, qu'il s'agisse des majestueux plans introductifs sur les paysages américains, du découpage millimétré des scènes d'action (suspense jouissif de la scène de l'hôtel) ou de l'implacable économie de gestes du tueur (Terminator n'est pas loin). Traités avec une gravité assez inhabituelle chez les Coen, les thèmes qu'incarnent les personnages (la vie, la mort, le destin, ce genre de p'tits sujets) exigent plusieurs visions. Certains reprocheront au film un discours manquant de clarté ou de cohérence. L'auteur Greil Marcus en résume pourtant bien la teneur désabusée dans le n°42 de Chronic'art :
"No Country for Old Men en dit peut-être plus sur l'Amérique post-"US attacked" -dans le sens de "Tout est épuisé, tout est parti, il n'y a plus que des abrutis pour croire ce conte de fées qui voit dans les Etats-Unis un pays différent"- qu'aucun autre film ne peut le prétendre".
Si vous avez vu le film, vous pourrez en méditer ici les derniers instants, qui ont laissé perplexes de nombreux spectateurs : le rêve raconté par Tommy Lee Jones.
Loretta Bell: How'd you sleep?
Ed Tom Bell: I don't know. I had dreams.
Loretta Bell: Well you got time for 'em now. Anything interesting?
Ed Tom Bell: They always are to the party concerned.
Loretta Bell: Ed Tom? I'll be polite.
Ed Tom Bell: All right then. Two of 'em. Both had my father in 'em. It's peculiar. I'm older now than he ever was by twenty years. So, in a sense, he's the younger man. Anyway the first one I don't remember too well but it was about meeting him in town somewhere and he gave me some money. I think I lost it. The second one, it was like we were both back in the older times, and I was ahorseback, going through the mountains of a night, going through this pass in the mountains. It was cold and there was snow on the ground and he would rode past me and kept on going, never said nothing going by, just rode on past, and he had his blanket wrapped around him and his head down. When he rode past I seen he was carrying fire in a horn the way people used to do and I, I could see the horn from the light inside of it, about the color of the moon. And in the dream I knew that he was going on ahead, and he was fixing to make a fire somewhere out there in all that dark and all that cold... And I knew that whenever I got there he'd be there... Then I woke up.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Film fascinant et à voir absolument, "No Country for Old Men" est aussi un essai incroyable sur la capacité des images à proposer une définition visuel des "espaces" propres au cinéma de genre (la nature, la ville, la pièce)... Sinon c'est à mon avis, et comme tu le soulignes, le film le plus sombre des frères Coen sur l'Amérique, voir le film portant le discours le plus pessimiste sur les Etats-Unis depuis des années.